Poesia - Poesie: Leopold Sedar Senghor (Senegal 1906-2001) - Neige sur Paris - Nieve sobre París - Aux Tirailleurs Sénégalais, morts pour la France - A los Tiradores Senegaleses muertos por Francia - Bio data links

Posted by Ricardo Marcenaro | Posted in | Posted on 23:12






Neige sur Paris

Seigneur, vous avez visité Paris par ce jour de votre naissance
Parce qu'il devenait mesquin et mauvais
Vous l'avez purifié par le froid incorruptible
Par la mort blanche.
Ce matin, jusqu'aux cheminées d'usines qui chantent à l'unisson
Arborant des draps blancs
- « Paix aux Hommes de bonne volonté! »
Seigneur, vous avez proposé la neige de votre paix au monde divisé, à l'Europe divisée
A l'Espagne déchirée et le Rebelle juif et catholique a tiré ses mille quatre cents canons contre les montagnes de votre Paix.
Seigneur, j'ai accepté votre froid blanc qui brûle plus que le sel.
Voici que mon cœur fond comme neige sous le soleil.
J'oublie
Les mains blanches qui tirèrent les coups de fusils qui croulèrent les empires Les mains qui flagellèrent les esclaves qui vous flagellèrent
Les mains blanches poudreuses qui vous giflèrent, les mains peintes poudrées qui m'ont giflé
Les mains sûres qui m'ont livré à la solitude à la haine
Les mains blanches qui abattirent la forêt de rôniers qui dominait l'Afrique,
au centre de l'Afrique
Droits et durs, les Saras beaux comme les premiers hommes qui sortirent de vos mains brunes.
Elles abattirent la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer
Elles abattirent les forêts d'Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu'on manquait de matière première humaine.

Seigneur, je ne sortirai pas ma réserve de haine, je le sais, pour les diplomates qui montrent leurs canines longues Et qui demain troqueront la chair noire.
Mon cœur, Seigneur, s'est fondu comme neige sur les toits de Paris

Au soleil de votre douceur
Il est doux à mes ennemis, à mes frères aux mains blanches sans neige
A cause aussi des mains de rosée, le soir, le long de mes joues brûlantes.


Nieve sobre París

Señor, tú que has visitado París, en este día de tu nacimiento
porque se había vuelto avaro y malo
lo has purificado con el frío incorruptible
con la blanca muerte.
Esta mañana, hasta las chimeneas
de las fábricas cantan al unísono.
Arbolando banderas blancas
"Paz a los hombres de buena voluntad"
Señor, tú has propuesto la nieve de tu Paz al mundo dividido
A la Europa dividida
A la España rasgada
Y el rebelde judío y católico ha disparado
sus mil cuatro cientos cañones contra las montañas de tu Paz.
Señor yo he aceptado tu frío blanco que quema más que la sal.
Y mi corazón se funde como nieve bajo el sol.
Olvido
las manos blancas que disparan tiros de fusil que destruyen imperios
las manos que flagelan esclavos, que te flagelan
las manos blancas polvorientas que te abofetean
las manos pintadas polvorientas blancas que me han abofeteado.
Las manos seguras que me han empujado
a la soledad. Al odio.
Las manos blancas que abatieron la selva de roneros que dominaban África,
en el centro de Africa
Derechos y duros. Los Saras hermosos como los primeros hombres que surgieron de tus manos morenas.
Ellas abatieron la selva negra para hacer traversas de raíles de tren.
Ellas abatieron las selvas de África para salvar la civilización, porque hacía falta materia prima humana.

Señor, yo no saldré de mi reserva de odio, lo sé, ante los diplomáticos que muestran sus largos colmillos.
Y que mañana trocarán la carne negra.
Mi corazón, Señor, se ha fundido como la nieve sobre los tejados de París.
Al sol de tu dulzura.

Dulce para mis enemigos, para mis hermanos de manos blancas sin nieve
A causa también de manos de palizas, al atardecer, a lo largo de mis mejillas ardientes.

Versión de Tierno Bokar








Aux Tirailleurs Sénégalais, morts pour la France

Voici le Soleil
Qui fait tendre la poitrine des vierges
Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards
Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.
J'entends le bruit des canons---est-ce d'Irun ?---
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
On vous promet 500 000 de vos enfants à la gloire des futurs
morts, on les remercie d'avance, futurs morts obscurs
Die schwarze Schande !

Ecoutez-moi, Tirailleurs Sénégalais, dans la solitude de la
terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux, sans oreilles, plus que dans ma
peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre
vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres
du village
Ecoutez-moi, tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles
et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.

Nous n'avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de
vos femmes anciennes
Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant
l'ardeur des vivants.
Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes comme en saison
Sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au
coin des lèvres oublieuses.

Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos
noms dans les mois que vous mourriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons
l'amitié de vos camarades d'âge.
Ah !puissé-je un jour d'une voix couleur de braise, puissé-je
chanter
L'amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate,
forte comme des tendons.
Ecoutez-nous, morts étendus dans l'eau au profond des plaines
du Nord et de l'Est.
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs Sénégalais


A los Tiradores Senegaleses muertos por Francia

Este es el sol
Que enternece el pecho de las vírgenes,
Que hace sonreir a los ancianos en los verdes bancos,
Que despertaría a los muertos bajo una tierra materna.
Oigo el ruido de los cañones-¿viene de Irán?-.
Se echan flores sobre las tumbas, se reaviva la llama
del Soldado Desconocido.
A vosotros, oscuros hermanos, nadie os nombra.
Se prometen 500.000 hijos vuestros a la gloria de los futuros
muertos, se les da las gracias de antemano, futuros muertos negros.
Die schwarze Schande!

Oídme, Tiradores senegaleses, en la soledad de la
tierra negra y de la muerte,
En vuestra soledad sin ojos y sin oídos, más que
en mi piel oscura al fondo de la provincia,
Sin siquiera el calor de vuestros camaradas tendidos junto a
vosotros como en otro tiempo en la trinchera, como en
otro tiempo en las arengas del poblado,
Oídme, Tiradores de piel negra, aunque no tengáis oídos ni ojos
en vuestro triple recinto nocturno.

No hemos alquilado plañideras, ni siquiera lágrimas de vuestras
viejas mujeres
-Ellas sólo recuerdan vuestra violenta ira, pues prefieren el
ímpetu de los vivos.
El llanto de las plañideras demasiado claro,
Demasiado pronto secas las mejillas de vuestras mujeres, como
en tiempos de sequía los torrentes del Fouta,
Las lágrimas más cálidas demasiado claras y demasiado pronto
bebidas en la comisura de los labios que olvidan.

Nosotros os traemos, oídnos, nosotros que deletreamos vuestros
nombres durante los meses en que moríais,
Nosotros, en estos días de temor inolvidable, os traemos
la amistad de vuestros antiguos camaradas.
¡Ah! Que algún día, con una voz color de brasa, pueda yo
cantar
La amistad de los ardientes camaradas, delicada como entrañas y
fuerte como tendones.
Oídnos, muertos tendido en el agua y al fondo de las llanuras
del Norte y del este.
Recibid este suelo rojo bajo el sol del verano, este suelo
enrojecido por la sangre de las blancas hostias,
Recibid el saludo de vuestros camaradas negros, Tiradores Senegaleses

¡MUERTOS POR LA REPÚBLICA!

Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001)


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