Poeme: Charles Baudelaire - Femmes damnées (Delphine et Hippolyte) Damien Saez, Poesía: Charles Baudelaire - Mujeres condenadas (Delfina e Hipólita) - Damien Saez
Posted by Ricardo Marcenaro | Posted in Poeme: Charles Baudelaire - Femmes damnées (Delphine et Hippolyte) Damien Saez , Poesía: Charles Baudelaire - Mujeres condenadas (Delfina e Hipólita) - Damien Saez | Posted on 22:05
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Femmes damnées (Delphine et Hippolyte)
A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.
De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.
Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.
Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.
Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.
- " Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?
Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants ;
Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,
Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin ! "
Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
- " Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.
Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.
Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! "
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition ! "
Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique :
- " Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?
Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !
Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !
Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...
On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! "
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain : - " Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! "
- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.
Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.
L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.
Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups ;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous !
Charles Pierre Baudelaire
A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.
De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.
Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.
Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.
Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.
- " Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses ?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?
Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants ;
Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur ! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,
Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin ! "
Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
- " Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.
Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.
Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : " Mon ange ! "
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition ! "
Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique :
- " Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?
Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté !
Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !
Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers ;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...
On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître ! "
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain : - " Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! "
- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.
Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes ;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.
L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.
Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups ;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous !
Charles Pierre Baudelaire
Mujeres condenadas (Delfina e Hipólita)
A la pálida claridad de las lámparas mortecinas,
Sobre profundos cojines impregnados de perfume,
Hipólita evocaba las caricias intensas
Que levantaran la cortina de su juvenil candor.
Ella buscaba, con mirada aún turbada por la tempestad,
De su ingenuidad el cielo ya lejano,
Así como un viajero que vuelve la cabeza
Hacia los horizontes azules transpuestos en la mañana.
Sus ojos apagados, las perezosas lágrimas,
El aire quebrantado, el estupor, la mohína voluptuosidad,
Sus brazos vencidos, abandonados cual vanas armas,
Todo contribuía, todo mostraba su frágil beldad.
Tendida a sus pies, tranquila y llena de gozo,
Delfina la cobijaba con ardientes miradas,
Como una bestia fuerte vigilando su presa,
Luego de haberla, desde luego, marcado con sus dientes.
Beldad fuerte prosternada ante la belleza frágil,
Soberbia, ella trasuntaba voluptuosamente
El vino de su triunfo, y se alargaba hacia ella,
Como para recoger un dulce agradecimiento.
Buscaba en la mirada de su pálida víctima
La canción muda que entona el placer,
Y esa gratitud infinita y sublime
Que brota de los párpados cual prolongado suspiro.
—"Hipólita, corazón amado, ¿qué dices de estas cosas?
Comprendes ahora que no hay que ofrendar
El holocausto sagrado de tus primeras rosas
A los soplos violentos que pudieran marchitarlas?
Mis besos son leves como esas efímeras
Que acarician en la noche los lagos transparentes,
Y los de tu amante enterrarían sus huellas
Como los carretones o los arados desgarrantes;
Pasarán sobre ti como una pesada yunta
De caballos y de bueyes con cascos sin piedad...
Hipólita, ¡oh, hermana mía! vuelve, pues, tu rostro,
Tú, mi alma y mi corazón, mi todo y mi mitad,
¡Vuelve hacia mí tus ojos llenos de azur y de estrellas!
Por una sola de esas miradas encantadoras, bálsamo divino,
De placeres más oscuros yo levantaré los velos
¡Y te adormeceré en un sueño sin fin!"
Mas Hipólita, entonces, levantando su juvenil cabeza:
—"Yo no soy nada ingrata y no me arrepiento,
Mi Delfina, sufro y me siento inquieta,
Como después de una nocturna y terrible comida.
Siento fundirse sobre mí pesados terrores
Y negros batallones de fantasmas esparcidos,
Que quieren conducirme por caminos movedizos
Que un horizonte sangriento cierra por doquier
¿Hemos perpetrado, entonces, un acto extraño?
Explica, si tú puedes, mi turbación y mi espanto:
Tiemblo de miedo cuando me dices: "¡Mi ángel!"
Y, empero, yo siento mi boca acudir hacia ti.
¡No me mires así, tú, mi pensamiento!
¡Tú a la que yo amo eternamente, mi hermana dilecta,
Aunque tú fueras una acechanza predispuesta
Y el comienzo de mi perdición!"
Delfina, sacudiendo su melena trágica,
Y como pisoteando sobre el trípode de hierro,
La mirada fatal, respondió con voz despótica:
—"Entonces, ¿quién, ante el amor, osa hablar del infierno?
¡Maldito sea para siempre el soñador inútil
Que quiso, el primero, en su estupidez,
Apasionándose por un problema insoluble y estéril,
A las cosas del amor mezclar la honestidad!
¡Aquel que quiera unir en un acuerdo místico
La sombra con el ardor, la noche con el día,
Jamás caldeará su cuerpo paralítico
Bajo este rojo sol que llamamos amor!
Ve tú, si quieres, en busca de un navío estúpido;
Corre a ofrendar un corazón virgen a sus crueles besos;
Y, llena de remordimientos y de horror, y lívida,
Volverás a mí con tus pechos estigmatizados...
¡No se puede aquí abajo contentar más que a un solo amo!"
Pero, la criatura, desahogándose en inmenso dolor,
Exclamó de súbito: —Yo siento ensancharse en mi ser
Un abismo abierto; ¡este abismo es mi corazón!
¡Ardiente cual un volcán, profundo como el vacío!
Nada saciará este monstruo gimiente
Y no refrescará la sed de la Euménide
Que, antorcha en la mano, le quema hasta la sangre.
¡Que nuestras cortinas corridas nos separen del mundo,
Y que la laxitud conduzca al reposo!
Yo anhelo aniquilarme en tu garganta profunda
Y encontrar sobre tu seno el frescor de las tumbas!"
—¡Descended, descended, lamentables víctimas,
Descended el camino del infierno eterno!
Hundios hasta lo más profundo del abismo, allí donde todos los crímenes,
Flagelados por un viento que no llega del cielo,
Barbotean entremezclados con un ruido de huracán.
Sombras locas, acudid al cabo de vuestros deseos;
Jamás lograréis saciar vuestra furia,
Y vuestro castigo nacerá de vuestros placeres.
Jamás un rayo fugaz iluminará vuestras cavernas;
Por las grietas de los muros las miasmas febricentes
Fíltranse inflamándose cual linternas
Y saturan vuestros cuerpos con sus perfumes horrendos.
La áspera esterilidad de vuestro gozo
Altera vuestra sed y enerva vuestra piel,
Y el viento furibundo de la concupiscencia
Hace claquear vuestras carnes como una vieja bandera.
¡Lejos de los pueblos vivientes, errantes, condenadas,
A través de los desiertos, acudid como los lobos;
Cumplid vuestro destino, almas desordenadas,
Y huid del infinito que lleváis en vosotras!
Charles Pierre Baudelaire
A la pálida claridad de las lámparas mortecinas,
Sobre profundos cojines impregnados de perfume,
Hipólita evocaba las caricias intensas
Que levantaran la cortina de su juvenil candor.
Ella buscaba, con mirada aún turbada por la tempestad,
De su ingenuidad el cielo ya lejano,
Así como un viajero que vuelve la cabeza
Hacia los horizontes azules transpuestos en la mañana.
Sus ojos apagados, las perezosas lágrimas,
El aire quebrantado, el estupor, la mohína voluptuosidad,
Sus brazos vencidos, abandonados cual vanas armas,
Todo contribuía, todo mostraba su frágil beldad.
Tendida a sus pies, tranquila y llena de gozo,
Delfina la cobijaba con ardientes miradas,
Como una bestia fuerte vigilando su presa,
Luego de haberla, desde luego, marcado con sus dientes.
Beldad fuerte prosternada ante la belleza frágil,
Soberbia, ella trasuntaba voluptuosamente
El vino de su triunfo, y se alargaba hacia ella,
Como para recoger un dulce agradecimiento.
Buscaba en la mirada de su pálida víctima
La canción muda que entona el placer,
Y esa gratitud infinita y sublime
Que brota de los párpados cual prolongado suspiro.
—"Hipólita, corazón amado, ¿qué dices de estas cosas?
Comprendes ahora que no hay que ofrendar
El holocausto sagrado de tus primeras rosas
A los soplos violentos que pudieran marchitarlas?
Mis besos son leves como esas efímeras
Que acarician en la noche los lagos transparentes,
Y los de tu amante enterrarían sus huellas
Como los carretones o los arados desgarrantes;
Pasarán sobre ti como una pesada yunta
De caballos y de bueyes con cascos sin piedad...
Hipólita, ¡oh, hermana mía! vuelve, pues, tu rostro,
Tú, mi alma y mi corazón, mi todo y mi mitad,
¡Vuelve hacia mí tus ojos llenos de azur y de estrellas!
Por una sola de esas miradas encantadoras, bálsamo divino,
De placeres más oscuros yo levantaré los velos
¡Y te adormeceré en un sueño sin fin!"
Mas Hipólita, entonces, levantando su juvenil cabeza:
—"Yo no soy nada ingrata y no me arrepiento,
Mi Delfina, sufro y me siento inquieta,
Como después de una nocturna y terrible comida.
Siento fundirse sobre mí pesados terrores
Y negros batallones de fantasmas esparcidos,
Que quieren conducirme por caminos movedizos
Que un horizonte sangriento cierra por doquier
¿Hemos perpetrado, entonces, un acto extraño?
Explica, si tú puedes, mi turbación y mi espanto:
Tiemblo de miedo cuando me dices: "¡Mi ángel!"
Y, empero, yo siento mi boca acudir hacia ti.
¡No me mires así, tú, mi pensamiento!
¡Tú a la que yo amo eternamente, mi hermana dilecta,
Aunque tú fueras una acechanza predispuesta
Y el comienzo de mi perdición!"
Delfina, sacudiendo su melena trágica,
Y como pisoteando sobre el trípode de hierro,
La mirada fatal, respondió con voz despótica:
—"Entonces, ¿quién, ante el amor, osa hablar del infierno?
¡Maldito sea para siempre el soñador inútil
Que quiso, el primero, en su estupidez,
Apasionándose por un problema insoluble y estéril,
A las cosas del amor mezclar la honestidad!
¡Aquel que quiera unir en un acuerdo místico
La sombra con el ardor, la noche con el día,
Jamás caldeará su cuerpo paralítico
Bajo este rojo sol que llamamos amor!
Ve tú, si quieres, en busca de un navío estúpido;
Corre a ofrendar un corazón virgen a sus crueles besos;
Y, llena de remordimientos y de horror, y lívida,
Volverás a mí con tus pechos estigmatizados...
¡No se puede aquí abajo contentar más que a un solo amo!"
Pero, la criatura, desahogándose en inmenso dolor,
Exclamó de súbito: —Yo siento ensancharse en mi ser
Un abismo abierto; ¡este abismo es mi corazón!
¡Ardiente cual un volcán, profundo como el vacío!
Nada saciará este monstruo gimiente
Y no refrescará la sed de la Euménide
Que, antorcha en la mano, le quema hasta la sangre.
¡Que nuestras cortinas corridas nos separen del mundo,
Y que la laxitud conduzca al reposo!
Yo anhelo aniquilarme en tu garganta profunda
Y encontrar sobre tu seno el frescor de las tumbas!"
—¡Descended, descended, lamentables víctimas,
Descended el camino del infierno eterno!
Hundios hasta lo más profundo del abismo, allí donde todos los crímenes,
Flagelados por un viento que no llega del cielo,
Barbotean entremezclados con un ruido de huracán.
Sombras locas, acudid al cabo de vuestros deseos;
Jamás lograréis saciar vuestra furia,
Y vuestro castigo nacerá de vuestros placeres.
Jamás un rayo fugaz iluminará vuestras cavernas;
Por las grietas de los muros las miasmas febricentes
Fíltranse inflamándose cual linternas
Y saturan vuestros cuerpos con sus perfumes horrendos.
La áspera esterilidad de vuestro gozo
Altera vuestra sed y enerva vuestra piel,
Y el viento furibundo de la concupiscencia
Hace claquear vuestras carnes como una vieja bandera.
¡Lejos de los pueblos vivientes, errantes, condenadas,
A través de los desiertos, acudid como los lobos;
Cumplid vuestro destino, almas desordenadas,
Y huid del infinito que lleváis en vosotras!
Charles Pierre Baudelaire
(:)
Ricardo Marcenaro
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(::)
a mi me parece que la letra del poema no coresponde a la cancion del video.
Hola amigo, me hiciste pegar un gran susto, pues a veces estoy medio cansado y me distraigo, por lo que me he equivocado y a veces de formas cómicas.
No tengo vergüenza de reparar y decirlo.
Puse el poema entero, Damien lo comienza promediando el poema de Baudelaire, fijate y verás.
Te agradezco igual lo atento, pues eso me ayuda a mejorar mi blog.
Te envío un gran abrazo :)
Ricardo